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LE LABORATOIRE WALLON TILMAN MULTIPLIE LES ÉTUDES CLINIQUES

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Situé à Baillonville, en province de Namur, le laboratoire Tilman déborde d’ambition. Alors que la reconnaissance thérapeutique de deux de ses compléments alimentaires vient de se voir renforcée, le spécialiste belge de la phytothérapie souhaite enregistrer un maximum de ses produits en tant que médicaments. A l’horizon: le marché européen.

Jean-Noël Tilman a le sourire en ce début d’année. Son entreprise vient d’enregistrer des victoires importantes sur deux de ses produits phares: l’Antimetil et le Flexofytol. S’ils sont sur le marché depuis 2010 déjà, ces deux compléments alimentaires à base de plantes viennent d’être sacrément renforcés sur le plan thérapeutique.

Antimetil soulage les nausées de la grossesse mais est aussi préconisé en cas d’excès alimentaires, en voyage et suite à une anesthésie ou un traitement de chimiothérapie. La préparation à base de gingembre avait déjà subi un fameux coup de fouet en 2011, lors du passage sous prescription médicale du Motilium, son célèbre concurrent. «Cela a fait exploser nos ventes», assure le patron.

Mais un autre épisode aurait bien pu venir freiner considérablement l’activité.
«Il y a deux ans, un arrêté royal a empêché de préconiser les préparations à base d’extraits de gingembre pendant la grossesse. Cet arrêté est entré en application le 20 février dernier.» Quid d’Antimetil, du coup? Eh bien le complément alimentaire du laboratoire Tilman continue son petit bonhomme de chemin. Il peut continuer à être prescrit aux femmes enceintes. Le résultat d’un travail de longue haleine: «Dès que l’arrêté a été publié, nous avons constitué un dossier de demande d’exception auprès du ministère de la Santé, explique Jean-Noël Tilman. Nous avons mis en avant une étude que nous avons réalisée à l’hôpital universitaire de Louvain sur une cinquantaine de femmes enceintes. Par ailleurs, des données de nutrivigilance ont montré que depuis qu’Antimetil est sur le marché, aucun effet indésirable n’a été relaté concernant la grossesse alors que 2 millions de comprimés ont été pris par des femmes enceintes. Nous espérions obtenir cette dérogation dans les temps, nous l’avons obtenue début février. C’est pour moi la récompense d’une politique d’entreprise qui place la rigueur scientifique en priorité.»

Soulager l’arthrose

Une rigueur scientifique qui a également permis au groupe namurois d’améliorer un autre complément alimentaire sur le marché depuis 2010 également, mais à base de curcuma, cette fois: le Flexofytol. Préconisé pour soulager l’arthrose, ce dernier repose sur une technologie brevetée de micro-dispersion de la curcumine dans une phase huileuse. «Cela fait trois ans que nous cherchions à y adjoindre une autre plante très efficace dans le traitement des inflammations articulaires, à savoir le boswellia (une plante indienne assez proche de l’encens, Ndlr). Des concurrents arrivent sur le marché, qui proposent des produits proches du nôtre. Il était donc important pour nous d’innover.»

Problème : il s’est révélé impossible, technologiquement, de combiner le curcuma et le boswellia sous la forme d’une micro-dispersion huileuse. «La biodisponibilité de la curcumine devenait beaucoup moins bonne, explique notre interlocuteur. Pendant trois ans, nous avons donc cherché une formulation qui permettrait de conserver une très haute disponibilité de la curcumine tout en permettant d’ajouter du boswellia. Nous avons enfin fini par mettre au point et valider une formule.» Tilman commercialise donc depuis peu du Flexofytol PLUS, validé lui aussi par plusieurs études scientifiques. «En plus d’une étude de biodisponibilité (servant à valider la formule), nous avions mené concernant la première version du Flexofytol une vaste étude sur plusieurs dizaines de patients dans plusieurs centres universitaires, précise Jean-Noël Tilman. Il s’agit d’une étude comme aucune autre n’a été réalisée en Belgique sur une préparation à base de curcuma et dont les résultats ont pu être extrapolés au Flexofytol PLUS car nous avons établi une bio-équivalence entre la curcumine dans les deux formules.»

Passer du complément alimentaire au médicament

Si le laboratoire wallon multiplie ainsi les études sur ses produits, c’est – outre pour les valider et les crédibiliser aux yeux du corps médical – parce qu’il
entend, à terme, faire de ses compléments alimentaires de véritables médicaments enregistrés à base de plantes. «Un médicament est beaucoup plus crédible au yeux des prescripteurs, assure le CEO. La qualité est forcément meilleure pour un médicament que pour un complément alimentaire car les contraintes sont là. La maîtrise de tous les paramètres est plus importante. Par ailleurs, les compléments alimentaires sont soumis à une réglementation fluctuante. Il nous est du coup impossible d’affirmer que nos produits seront toujours sur le marché dans 10 ans. En ce qui concerne les médicaments, en revanche, la réglementation évolue beaucoup plus lentement. Nous avons donc davantage de temps pour nous adapter.»

Aujourd’hui déjà, l’entreprise réalise la moitié de son chiffre d’affaires sur les médicaments enregistrés à base de plantes. Sur les 15 produits qui font 90%
de son chiffre d’affaires, sept sont des médicaments et huit des compléments
alimentaires. «Un cinquième de notre chiffre d’affaires provient des tisanes, et celles-ci n’aurons plus jamais vocation à devenir des médicaments enregistrés, souligne Jean-Noël Tilman. Mais notre objectif est de faire de nos compléments alimentaires des médicaments enregistrés et de réaliser un jour, nous l’espérons, 80% de nos ventes avec du médicament à base de plantes.»

Concrètement, Tilman a pour but de faire passer son Antimetil dans la cour des grands. «Nous souhaiterions un jour en faire un médicament qui puisse être pris par les femmes enceintes, confirme notre interlocuteur. Mais les pouvoir publics sont beaucoup plus stricts pour les médicaments que pour les compléments. Il s’agira de prouver que notre médicament est tout à fait sûr pendant la grossesse. L’étude clinique que nous avons menée sur l’Antimetil est une étape mais elle ne sera sans doute pas suffisante. Nous devrons certainement réaliser une deuxième étude pendant la grossesse, qui nous permettra d’obtenir à nouveau une exception auprès du ministère de la Santé et de recommander notre médicament à base d’extraits de gingembre aux femmes enceintes.»

«Grandir lentement mais sûrement»

Alors que la mise sur le marché d’un complément alimentaire peut se faire de
manière assez rapide (un mois peut parfois suffire, sans qu’aucune étude de validation ne soit nécessaire), l’enregistrement d’un médicament peut prendre de trois à 10 ans dans certains cas. «Cela demande un budget tournant autour de 400.000 euros et un savoir-faire très élaboré que nous n’arriverions plus à acquérir aujourd’hui si nous n’avions pas commencé à faire du médicament à base de plantes dès le début des années 2000. La réglementation est devenue de plus en plus contraignante et complexe. A moins de faire rentrer des investisseurs qui mettraient 20millions d’euros sur la table – ce qui n’est pas du tout notre volonté car nous souhaitons rester une entreprise familiale – nous sommes condamnés à grandir lentement… mais sûrement.»

Quand, pour des raisons de réglementation, il n’est pas possible pour l’entreprise d’enregistrer un médicament à base de plantes, cette dernière met sur le marché un complément alimentaire. «Pour le Flexofytol, notre rêve est évidemment d’en faire aussi un médicament, souligne le patron. Mais la réglementation n’est pas prête aujourd’hui et je ne peux même pas affirmer que nous pourrons un jour en faire un médicament.» C’est que pour faire partie de cette catégorie, le Flexofytol ne pourrait, à ce stade, n’avoir comme indication que la digestion. « Il s’agit effectivement d’un digestif, reconnaît notre interlocuteur. Mais ce n’est pas du tout son indication la plus intéressante. En tant que complément alimentaire, en revanche, et à condition de ne pas évoquer sur l’emballage ou la notice des propriétés anti-inflammatoires, on peut mettre sur le marché un produit à base de curcuma, présenté de façon soft, comme étant destiné aux articulations.»

L’Algérie, premier marché hors d’Europe

Créé en 1985, le laboratoire Tilman est détenu à 85% par Jean-Noël Tilman et son épouse via leur holding luxembourgeois Invest Nature. L’entreprise, située dans le zoning de Baillonville (province de Namur) et au sein de laquelle travaillent à ce jour 172 équivalents temps plein, a toujours enregistré une croissance de son chiffre d’affaires d’environ 14% chaque année. L’an dernier, elle réalisait un chiffre d’affaires de 36,3 millions d’euros pour un résultat net de 560.000 euros. Elle s’attend à atteindre les 40 millions de chiffre d’affaires cette année, dont 75% réalisés en Belgique. Une proportion que la PME souhaite inverser à terme. «Notre entreprise peut encore au moins doubler, voire tripler son chiffre d’affaires sur le marché belge dans les 10 prochaines années, assure Jean-Noël Tilman. Mais nous savons que le moment viendra où notre croissance commencera à s’infléchir, et nous avons bien conscience de la nécessité de nous tourner vers l’international.»

Les responsables de l’entreprise ont commencé à orienter leur regard vers
l’extérieur à partir de 2010. Le laboratoire s’est alors mis à enregistrer ses nouveaux médicaments dans plusieurs pays d’Europe. «Nous avons des autorisations de mise sur le marché de certains médicaments dans plusieurs pays européens dans lesquels nous commençons à commercialiser, certes pas encore de façon très importante, mais de plus en plus. Le Flexofytol est, par exemple, commercialisé en France, l’Antimetil est présent dans pas mal de pays. Notre numéro 3 (le Sedistress) est présent en Scandinavie, nous l’avons enregistré en France et nous allons obtenir son enregistrement pour l’Italie.» Au total, le laboratoire Tilman dispose d’une vingtaine d’enregistrements hors de Belgique pour ces cinq médicaments majeurs.

A ce stade, le groupe commercialise certains de ses produits – tant compléments alimentaires que médicaments – en France, en Scandinavie, en Espagne, au Portugal et à Chypre. En dehors de l’Europe, son premier marché en termes de chiffre d’affaires est l’Algérie. Viennent ensuite la France et le Maroc. «Nous commercialisons aussi un peu en Chine et à Taïwan, mais nous n’avons pas encore de présence importante dans un pays en particulier en dehors de la Belgique, souligne le CEO. Sauf peut-être en Algérie où nous réalisons 2 millions d’euros, et en France avec environ 1 million d’euros

Une première filiale en France

Tilman entend privilégier deux approches à l’international. Le groupe souhaite soit signer des contrats avec des partenaires importateurs/distributeurs, soit créer ses propres filiales. Il est d’ailleurs en train d’en constituer une en France. A terme, le groupe de phytothérapie a pour ambition de monter des filiales dans cinq à 10 pays européens dans les 10 à 15 prochaines années. «En 2030, nous serons certainement présents en France, en Italie, en Espagne, en Pologne, en Allemagne et dans l’un ou l’autre pays scandinave, explique Jean-Noël Tilman. Nous sommes déjà le spécialiste des thérapies à base de plantes en Belgique, nous souhaitons le devenir en Europe à l’horizon 2030 tout en sachant que nous ne serons pas le plus grand acteur. Celui-ci qui restera allemand, l’Allemagne étant le plus gros marché en la matière. Nous avons, en revanche, pour ambition d’être considérés et reconnus par la profession comme l’entreprise la plus experte en phytothérapie en Europe d’ici 2030

Pour ce faire, la société investit chaque année environ 2,5 millions d’euros en recherche et développement. Ces cinq dernières années, sa capacité de production a par ailleurs été multipliée par quatre. «Nous nous retrouvons aujourd’hui avec un outil de production nous permettant de grandir encore pendant cinq à 10 ans», assure le CEO. Pour la suite, tout est prévu. Une extension industrielle est programmée en 2021 et le groupe dit avoir la capacité de multiplier la surface de son usine de Baillonville par cinq ou six. «Jusqu’en 2050, nous sommes bons, sourit Jean-Noël Tilman. Dans deux-trois ans, nous serons 250 collaborateurs dans l’entreprise et nous ferons plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Un jour, autour de 2030, nous passerons le millier de personnes. Tilman deviendra une grande entreprise au niveau mondial.»

Jérémie Lempereur, journaliste
pour Trends Tendance – 14/03/2019

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